Sell it with Flowers s’inspire librement de l’histoire des indiennes pour en actualiser certains aspects. De fait, cette industrie des 18e et 19e siècles a posé les bases de ce que l’on qualifiera, deux siècles plus tard, du terme ambigu de « mondialisation ». L’essor sans précédent de cette industrie a été rendu possible par la mainmise coloniale européenne sur de vastes territoires. Diverses formes d’exploitations forcées ont ainsi été constitutives des premiers pas du commerce globalisé. Outre les rapports de domination, l’exposition retiendra en particulier les importantes circulations de personnes, de matières premières et d’images que le commerce de ces tissus imprimés a générées.

En exposant des œuvres construites autour de situations et de récits tant individuels que collectifs, Sell it with Flowers ancre ces vastes thématiques dans une pluralité de présents vécus. Touché·e·s intimement par les sujets qu’il·elle·s abordent, les artistes parviennent à restituer de manière sensible des réalités humaines complexes, et souvent brutales, qu’une approche théorique ne saurait rendre.

Par ailleurs, les œuvres présentées dans l’exposition provoquent souvent des juxtapositions de situations violentes et d’éléments ornementaux, dont il résulte une force esthétique aussi attractive que déstabilisante. Protéiformes, les motifs “exotiques” qui traversent l’exposition créent autant de terrains de projections – intérieurs, extérieurs, mentaux et physiques – révélant des formes de domination dans lesquelles les artistes eux·elles-mêmes, l’institution et les spectateur·trice·s sont partie prenante.